(3/3). Les sorcières de Moyenmoutier. "Goétie" : art et pratique de l'invocation de démons. Ainsi : "Agla, On, Tetragrammaton, Saday, Eloy, Heloym, Lamenab, Soter, Emanuel, Adonay".*
- BERNARD PONS
- 9 mai
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 mai

*Série de noms divins utilisés pour commander aux esprits ou se protéger du mal [formule magique du Petit Albert (grimoire français du 18ᵉ siècle)].
→ Cent ans plus tard (1818), parut la première édition de LE DICTIONNAIRE INFERNAL établi par Jacques Collin de Plancy.
Ce répertoire sur la démonologie est intégralement consultable en cliquant sur le lien :
Rappel : illustrations et traduction par Intelligence Artificielle (ChatGPT).
26 novembre 1596 : Poursuite de l'interrogation de Mongeatte, veuve de Jacques de la Woeuvre, de Saint Blaise
( en retrouver le début) ╰┈➤https://www.moyenmoutier.com/post/fr%C3%A8res-humains-qui-apr%C3%A8s-nous-vivez-n-ayez-les-c%C5%93urs-contre-nous-endurcis-car-si-piti%C3%A9-de-nous
●Dit que 6 ans plus tôt,Claudatte veuve Chrestaille avait prévenu qu'elles étaient accusées d'avoir causé la mort de Mongeon Bourald avec Jennon veuve Colas Bresson.

●Elle avait entendu dire que pendant sa maladie, il avait dit que c’était impossi-ble qu'elle puisse être une sorcière mais le Devin avait dit qu'elle n'était ainsi que depuis 6 mois.
●Lorsqu’on lui a demandé pourquoi elle n’avait pas cherché à obtenir réparation,elle avait répondu "quelle était peu fine, qu'elle ne pouvait se venger à cause qu'elle ne pensait pas à ces affaires, même qu'elle était bien nette".
●Quant à l’autre « potat (petite bouteille)» trouvé quatre ans plus tôt, c’est son mari qui en avait été responsable, et elle ne savait pas de quoi il s’agissait, si ce n’est que c’était pour protéger les champs.
●Elle a admis que, pendant la maladie de Mongeon Bourald, il lui arrivait parfois de « l’engraisser » ; à ce moment-là, il n’était pas très malade, mais son ventre gonflait parfois durant la nuit.
●Elle avait entendu de vieilles femmes que, lorsque les vaches revenaient au village, les sorcières utilisaient des cordelettes pour obtenir leur lait la première fois qu’elles allaient à l’abreuvoir.
●Elle a continué à nier toutes les accusations.
28 novembre 1596 ; confrontations.
Aucun résultat ; elle n’a pas fait de reproches aux témoins et a nié toutes les accusations.
28 novembre 1596 ; le procureur demande ¹la question ordinaire et extraordinaire.
30 novembre 1596 ; ²le Change de Nancy approuve, avec une modération adaptée à son âge.
4 décembre 1596 ; elle fut confrontée à Jehenne, femme de Demenge le maire de La Chapelle, qui maintint l'accusation selon laquelle elle l'avait vue au sabbat.
5 décembre 1596 ; interrogatoire sous la torture.
Elle commença à avouer lorsqu'on lui appliqua ³les brodequins.

●Elle déclara avoir été séduite par Parsin (le diable) alors qu’elle se rendait à Raon, sept ans plus tôt.
Aucune explication n’a été donnée, mais il l’aurait persuadée de renier Dieu.
Elle avait reçu de l’argent (des feuilles de chêne) et de la poudre pour nuire aux hommes et aux animaux lorsqu’elle se trouvait en conflit avec quelqu’un.
●Elle utilisa cette poudre dans une soupe qu’elle donna à Mongeon Bourald, qu’elle haïssait car il lui avait fait du tort et était toujours en colère contre elle.
●Elle avait tué le cheval du prieur, parce qu’il lui était hostile « et qu’il doutait des genaxes (sorcières ou soupçonnées comme telles) ».
●Elle avait tué la vache d'Adrian le Parmentier, qui avait blessé l’une des siennes, ainsi que le veau de Mongeon le Clerc, qui avait refusé d’aider son mari pour le charroi.
●Elle avait causé la mort de l’enfant de Nicolas le Clerc, à la suite d’une dispute, car elle n’avait pas assisté sa femme comme sage-femme.
●Elle avait tué une vache de Jean Chapelle, qui avait attribué à des soldats un cheval qu’elle avait retenu.
●Elle avait rendu malade Jehenne, femme de Mongeon Noixatte, parce que celle-ci lui avait donné une mauvaise réputation ; mais elle avait ensuite regretté son geste et l’avait guérie en mettant une poudre blanche dans sa soupe.
●Elle répéta l’histoire de la séduction : Parsin avait l’apparence d’un gentilhomme, il était revenu chez elle et avait passé la nuit avec elle.
Elle avait conclu un pacte consistant à lui donner une poule noire chaque année pour être exemptée du sabbat — elle tenait beaucoup à ne pas être présente lorsqu’elle était requise pour ses fonctions de sage-femme.

●Elle admit ensuite avoir assisté deux fois au sabbat.
Elle y avait vu Claudatte Noixatte, veuve Chrestaille, de Saint-Blaise ; Claudatte, femme de Claudon de Saint-Rémy dans le ban d’Étival ; Barbeline la Bertrichaude, veuve de Richard Colas des Mailles, de Raon ; Jehenne Rocte, femme de Micquel Marchal du faubourg de Raon ; et Zabel, femme de Jean Paticier de Raon.
●Elles dansaient au son d’une flûte et mangeaient des tripes de bœuf avec du pain blanc ou noir. Elles frappaient l’eau pour faire venir la pluie, ce qui empêchait les foins.
Elle ajouta le nom de Nicolle Brandecq, femme de Jean Gérardin, de La Neuville-lès-Raon, parmi celles qu’elle avait vues.
Elle nomma certaines des mêmes femmes comme étant présentes au deuxième sabbat, mais disculpa cette fois Claudatte Noixatte. Les autres présentes étaient masquées.
Elle confirma ses aveux plus tard dans la même journée.
6 décembre 1596 : confirma à nouveau ses aveux.
8 décembre 1596 : le procureur demande la peine de mort.
10 décembre 1596 : le Change de Nancy approuve, sous réserve que les aveux soient réaffirmés sans aucune menace de torture.
12 décembre 1596 : elle confirma que ses précédents aveux étaient véridiques.
Le procès lui fut alors lu en présence des habitants du ban.
13 décembre 1596 : la sentence fut exécutée.
¹Question ordinaire ou torture "de base" pour obtenir un aveu.
Question extraordinaire ou torture aggravée si le premier niveau n'a pas suffi.
²Le Change de Nancy : référence à un tribunal ou une cour de justice à Nancy sous l'Ancien Régime (1589 - 1789).
³La torture des brodequins fut utilisée en France jusqu'en 1780 pour soutirer des aveux. Conçus pour broyer les jambes, les blessures étaient souvent si sévères que les os éclataient.
.L'accusé était assis sur un fauteuil massif. Deux planches étroites et résistantes étaient alors fermement attachées de part et d'autre de chaque jambe, et une corde solide liait étroitement les quatre planches entre elles. Des coins étaient ensuite enfoncés à coups de marteau entre les deux planches centrales, ce qui, en resserrant les planches autour des jambes de l'accusé, leur imprimait une force cruelle.
.Le nombre de coins variait : quatre pour la question ordinaire, huit pour la question extraordinaire.
Souvent, pour la question ordinaire, des bas en parchemin (peau d'animal) étaient appliqués humides aux jambes du prisonnier. En approchant cette jambe du feu, le parchemin ainsi violemment rétracté causait une douleur terrible aux jambes.
Quatre-cents ans plus tard...
À VENDREDI PROCHAIN 16 MAI !
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