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(1/3). Les sorcières de Moyenmoutier - " Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les cœurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis "*.

Dernière mise à jour : 9 mai

*"La ballade des pendus" - [François Villon (1431 - † après 1463)]

nous y avons rencontré Mongeatte femme Jean Johel et Babelon femme  Mongeon Voirin, toutes deux de Moyenmoutier, ainsi que Catherine femme Villaume Jean Martin, du Paire et Mongeatte veuve de Jacques de la Woeuvre, de Saint Blaise.

Nous ignorions tout de la célèbre université britannique d'Oxford, de sa bibliothèque, des archives qu'elle abrite, jusqu'à ce jour très récent où, rôdaillant sur la Toile, nous y avons rencontré Mongeatte femme Jean Johel et Babelon femme Mongeon Voirin, toutes deux de Moyenmoutier, ainsi que Catherine femme Villaume Jean Martin, du Paire et Mongeatte veuve de Jacques de la Woeuvre, de Saint Blaise.

╰┈➤ OpenMD (puis taper Moyenmoutier dans la barre de recherche)

Lointaines ascendantes d'un 16 °siècle qui ne connut pas moins de sept rois dont François Ier et Henri IV, elles furent traduites en justice pour faits de sorcellerie, au risque de procès souvent expéditifs et de supplices cruels (↦ voir infra 1).

Comme notre Mongeatte veuve de Jacques de la Woeuvre, de Saint Blaise...

De son infortune, nous vous proposons aujourd'hui la première des deux parties telle que consignée outre-Manche.

╰┈➤ St Dié and region; list of witches [St Dié et alentour : liste des sorcières (et sorciers) recensés entre 1544 et 1663].

415 ont été calculés.

.La page est libellée en anglais basique.

.(ex1/2) signifie exécuté(e) le 1er février ; (ex15/3), le 15 mars.

.(R) : le plus souvent, dans les archives judiciaires françaises ou les résumés d’affaires anciennes, (R) est l’abréviation de résidant (c’est-à-dire : domicilié à cet endroit au moment des faits).

.c. ou circa, c'est-à-dire environ.

.nr : près de.

.À Moyenmoutier et ses écarts, 34 de ces sorcières et sorciers ont été comptés :

leur liste est établie tout au bas de cette page (↦ voir infra 2).

Illustrations et traduction par Intelligence Artificielle (ChatGPT).

Sorcière 166, Mongeatte veuve de Jacques de la Woeuvre, de Saint-Blaise

Accusée par Jehenne, femme de Demenge le Maire, de La Chapelle.

25 novembre 1596

Informations préparatoires

"Réputation", c'est-à-dire opinion, avis émis sur l'accusée par les cités à comparaître. Équivalait à l'actuelle "enquête de moralité". Plusieurs de ces "réputations" ne sont pas renseignées.

(1) Claudon Biberat, 38 ans

Réputation depuis 1 an.

(2) Fleurence, femme du précédent, 40 ans

Réputation depuis 6 ans.

(3) Jean Bresson, 24 ans

Réputation depuis 6 ou 7 ans.

Avait entendu dire qu’elle mettait un crapaud sous les animaux pour les débarrasser des parasites.

(4) Valentin Jean Andreu, 30 ans

Réputation depuis 6 ans.

(5) Demenge le Clerc, 30 ans

Réputation depuis 6 ans.

Soupçonnait qu’elle avait fait perdre une vache 4 ans auparavant, après un différend concernant le paiement de son fils pour avoir gardé les animaux du village. La soupçonnait aussi pour la perte d’un veau 3 ans plus tôt, parce que, pendant qu’ils le cherchaient, elle avait dit à la chambrière qu’ils perdaient leur temps et qu’il était perdu.

(6) Barbe, veuve Jean Curien, 35 ans

Deux ans plus tôt, il y avait eu un incident à l’église de Moyenmoutier à Pâques, lorsque Mengeotte eut des difficultés à recevoir l’hostie et dut recevoir du vin du prêtre avant de pouvoir la consommer. La semaine précédente, avait entendu de la belle-sœur de l’accusée que, lorsque son mari avait vendu un bien à son frère, elle s’était montrée très en colère, s’était rendue seule la nuit à leur maison à Raon, et avait dit que si elle était une sorcière, ce serait à cause de lui.

(7) Noelle, femme Adrian le Parmentier, 30 ans

La soupçonnait d’avoir causé la mort d’une vache 6 ans plus tôt, alors qu’elle gardait les animaux du village. À la même époque, un devin dans la maison de Mengeon Bourald l’avait identifiée comme la cause de sa mort. Quelques jours avant son arrestation, elle lui avait parlé de la méthode consistant à placer un crapaud sous les animaux pour se débarrasser des vermines. Le témoin avait trouvé une petite bouteille dans le champ de l’accusée l’année précédente – elle affirmait qu’elle contenait de l’eau bénite.

(8) Janne, femme Claudon Curien, 30 ans

Huit ans auparavant, travaillait comme journalière chez l’accusée avec la femme de Nicolas Lallemant, quand elles virent un gros crapaud dans le champ ; le témoin allait le tuer, mais l’accusée arriva, dit que ces animaux étaient bons, le captura avec son écharpe et l’emporta dans un pot.

(9) Thoussainct Chappelle, 40 ans

Réputation depuis 6 ans.

(10) Nicolas Clerc, 30 ans

La soupçonnait pour la perte d’un cheval 6 ans plus tôt, lorsque c’était son tour de les mener aux champs, et pour un bœuf 5 ans plus tôt, après qu’elle eut remarqué qu’ils mangeaient bien.

(11) Jean de la Woeuvre, 40 ans

Pas de déposition enregistrée.

25 novembre 1596 ; interrogation de Mongeatte, veuve de Jacques de la Woeuvre, de Saint Blaise

25 novembre 1596 : interrogation de Mongeatte, veuve de Jacques de la Woeuvre, de Saint Blaise

Elle déclara avoir environ 54 ans, être originaire de la Neufville-les-Raon, fille de Jean et Anthoinette Petit, et mariée depuis environ 34 ans à Jacques de la Woeuvre.

Elle savait être soupçonnée de sorcellerie, mais estimait qu’on lui faisait du tort. Au début, elle affirma ne pas savoir quand les soupçons avaient commencé, mais sous pression (on lui rappela qu’elle savait bien être soupçonnée depuis 15 ans), elle répondit que c’était « par sa bonté qu’elle était réputée telle ».

Six ans auparavant, elle allait fréquemment aider son voisin Mongeon Bourald, mais un devin nommé Thoussainct était alors venu chez lui.

Son mari revint à la maison et lui dit : « Mongeatte, voilà un devin chez Bourald, lequel dit que demain, la première femme à entrer chez eux le matin sera celle qui lui a donné sa maladie. »

Le lendemain, elle ne voulait pas s’y rendre, mais son mari finit par la convaincre – elle s’y rendait souvent jusqu’à sept fois par jour. Ce jour-là, personne d’autre ne vint ; elle vit le devin, qui dit que c’était une affaire de genouillerie (sorcellerie). Elle avait dit à d’autres qu’il allait mourir, mais sans mauvaise intention. Pendant sa maladie, il disait : « Ce sont toutes des sorcières (genaxes) qui sont autour de moi » ; à sa mort, elle lui tint une bougie entre les mains comme une bonne voisine.

Elle expliqua l’incident avec l’hostie : le prêtre s’aperçut qu’il lui en avait donné deux, tenta d’en retirer une de sa bouche avec son doigt, mais n’y parvint pas, et finit par lui donner du vin.

Elle admit que son mari avait vendu des terres à son frère 14 ans auparavant, mais nia être allée protester.

Elle affirma avoir toujours été disposée à chercher des herbes pour soigner les animaux malades lorsqu’on le lui demandait, et qu’elle avait aussi aidé les femmes en tant que sage-femme du village.

Sorcières (sorciers) assignés en justice à Moyenmoutier et ses écarts

Six ou sept ans plus tôt, un certain Jean Huat, qui mendiait chez elle, lui dit qu’elle devait prendre le premier crapaud trouvé et le placer sous ses animaux, « et que le venin et poison attire l’autre ». Elle fit cela deux fois deux années consécutives, environ six ans auparavant, depuis quoi elle ne connut plus de malheur avec ses bêtes. Des soldats les avaient jetés deux ans auparavant ;

Huat était un vagabond ayant été avec les « sarrasins ». Lorsqu’on prenait un crapaud, il fallait dire : « Bêtes, je te lève au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », faire le signe de croix et réciter cinq Pater Noster et Ave Maria ; il ne fallait surtout pas se mettre à genoux en les ramassant.

Elle reconnut avoir placé une bouteille avec de l’eau bénite et des bougies dans un champ à Pâques cette année-là – elle ne savait pas exactement à quoi cela servait, mais avait vu les anciens faire de même.

Bûcher, Question, Épreuve de l'eau...


Aux 16ᵉ et 17ᵉ siècles, les Vosges — comme beaucoup d’autres régions d’Europe — ont connu une véritable chasse aux sorcières, marquée par des procès souvent bâclés et d'imbéciles supplices.

Voici un aperçu des tourments typiquement infligés aux personnes accusées de sorcellerie dans notre région à cette époque :

Le bûcher

La peine capitale la plus emblématique pour les "sorciers" et "sorcières". Après condamnation, les accusés étaient brûlés vifs sur la place publique. Cela servait autant à punir qu’à dissuader.Dans certains cas, on étranglait d’abord la personne pour "adoucir" la peine (rarement par bonté, plus souvent selon les circonstances du procès).

La question (torture)

Aux 16ᵉ et 17ᵉ siècles, les Vosges — comme beaucoup d’autres régions d’Europe — ont connu une véritable chasse aux sorcières, marquée par des procès souvent expéditifs et des supplices cruels.

Avant le jugement, la torture judiciaire — appelée "question ordinaire" ou "extraordinaire" — était fréquemment utilisée pour faire avouer la pratique de la sorcellerie, ou dénoncer d’autres complices.

Parmi les méthodes recensées :

-Le banc de torture (étirement des membres)

-Les brodequins (jambes écrasées entre des planches)

-La pendaison par les bras liés dans le dos.

Ces supplices étaient légalement encadrés, mais souvent appliqués avec une violence inouïe.

L'épreuve de l’eau

Même si moins pratiquée dans les Vosges qu’ailleurs, cette épreuve visait à prouver l'innocence ou la culpabilité d’un suspect :

On liait la personne et on la jetait dans une rivière ou un étang : Si elle flottait, c'était "preuve" qu'elle rejetait l’eau bénite, donc qu'elle était sorcière. Si elle coulait, elle était innocente... mais risquait de se noyer.

Sorcières (sorciers) assignés en justice (Moyenmoutier et ses écarts)

Rappel : (ex 1/2) signifie exécuté (e) le 1er février / (ex 15/3), exécuté (e) le 1er mars,...


  • 1583 

    . Nicolle veuve Marien le Marchal, St Blaise (ex 1/2)

    . Jehennon Frely, St Prayel (ex 15/3)

    . Marion la Bouchiere, Moyenmoutier (ex 15/3)

    . Jennon femme Nicolas Marie, ban de Moyemoutier (ex 18/5)

    . Margueritte femme Vaultrin, St Blaise (ex 18/5)

    . Barbeline veuve Jean Andreu, le Paire de Moyenmoutier (ex 15/11)


  • 1589  

    . Catherine femme Anthoine Zabel, Moyenmoutier (ex 21/2)

    . La belle Nicolle, femme Claudon Bourtal, Moyenmoutier (ex 21/2)

    . Didielle femme Idoult Demenge Martin, Moyenmoutier (ex 21/2)


  • 1595

    . Blason Charpentier, la Chapelle

    . Blasotte, femme Claudon Collon, la Chapelle

    . Jehenne, femme Demenge la Maire, la Chapelle

    . Claude Demenge Martin, le Paire (166)

    . Mengeotte, veuve Jacques de la Woeuvre, St Blaise

    . Catherine femme Willaume Jean Martin, le Paire

    . Jeanne Brocade, la Chapelle, exécutée antérieurement


  • 1599 

    . Claudatte veuve Chrespaille le Maire, St Blaise

    . Valentin le Souche, la Chapelle, executed 1598

    . Claudette Neuxat, St Blaise, exécutée antérieurement, circa 1598


  •  1603

    . Babelon femme Hanry Jean Hanry, St Blaise

    . Jean Marion, St Blaise

    . Jennon veuve Nicolas Bresson dit Neuxat, St Blaise

    . Jaulne femme Claudon Curien, St Blaise

    . Idoult Charpentier, la Chapelle

    . Marguitte femme Chrestofle Jean Pierre, ? St Blaise, exécutée

     

  • 1607

    . Demenge Masson, Veney (Demenge Masson, originaire de Veney (à l’est de Baccarat), mais fréquemment à Moyenmoutier

    . Jennon, femme Claudon de la Ruelle, soeur de Catherine femme Jean le Maire, le Paire, already executed, ? circa 1611


  • 1612

    . Jennon, femme Dieudonné Laurent, Moyenmoutier (22/3)


  • 1614

    . Jennon femme Claudon Valtin, la Chapelle


  • 1617

    . Mongeatte femme Jean Johel, Moyenmoutier


  • 1618

    . Catherine femme Jean le Maire, Le Paire (299)

    . Babelon femme Mongeon Voirin, Moyenmoutier

    . Jehennon, femme Claude Veltin, la Chapelle, executée


  • 1621

       . Curien Marie, la Chapelle (condamnée pour incendie criminel, les accusations de sorcellerie apparemment non prises au sérieux)


VENDREDI PROCHAIN 2 MAI :


MÉFIEZ-VOUS DES VIEILLES PIERRES QUI CHUCHOTENT LA NUIT...


Suite du procés, Réquisitoire, Sentence















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