Avait entendu parler du devin et de Mongeon Bourald. Connaissait aussi l’histoire des difficultés avec l’hostie à Pâques – le prêtre disait n’avoir jamais rien vu de tel, et le témoin "présume qu’elle était empêchée par l’Ennemi si elle est telle".

Histoire du devin.

Racontait aussi l’histoire du devin, en précisant que celui-ci avait dit que la première femme à entrer dans la maison serait celle qui avait causé la maladie.

Avait perdu une vache 5 ans plus tôt et la soupçonnait, car elle se plaignait toujours de la manière dont il gardait les animaux du village.

Deux semaines plus tôt, elle lui avait dit qu’un homme était venu chez elle et lui avait appris divers remèdes pour les maladies des animaux, y compris l’usage du premier crapaud trouvé. Celui-ci devait être mis parmi les animaux afin que "aussitôt le poison attire l’autre et on observe combien il viendra". Lorsqu’elle en trouvait un, elle le suspendait sous les animaux pendant 5 jours ou plus. Elle avait aussi raconté qu’après les fiançailles de la fille de Bourald, elle avait entendu qu’on la tenait pour responsable de sa mort, avec les veuves de Colas Noisatte et de Chrestaille.

Deux ans plus tôt, avait entendu le défunt Jenon Noisatte la traiter de sorcière, disant que son cochon allait mourir ; Mengeotte dit ensuite au témoin qu’elle n’était pas une sorcière.

Histoire du crapaud dans les champs une dizaine d’années plus tôt. Aussi histoire de l’hostie à Pâques, et d’un jour 6 ans plus tôt où elle revenait de Moyenmoutier avec le mari de l’accusée. Elle était soudainement apparue, et il avait suggéré qu’elle venait d’être avec le diable.

L’année précédente, elle et d’autres journaliers avaient brisé une bouteille dans son champ, et elle s’était fâchée, disant qu’elle contenait de l’eau bénite et "pougnerons Saint Curien".**

La soupçonnait d’avoir fait perdre le lait à deux vaches 3 ans auparavant, quand elle n’était pas venue travailler pour elle comme elle l’avait promis ; également pour une grave maladie cette année-là, qui avait duré deux mois.

Quelques jours avant son arrestation, elle lui avait dit que si elle était arrêtée, elle devrait regarder derrière la cheminée, où elle trouverait un œuf du Vendredi Saint, un peu de cire, de l’eau bénite et du pain bénit – tout cela était destiné au feu. Elle lui avait aussi parlé de l’usage des crapauds contre les vermines, et raconté qu’elle en avait déjà mis deux sous les animaux.

Pendant la maladie de son père Mongeon Bourald, 6 ou 7 ans plus tôt, un devin était venu chez eux et avait dit qu’une voisine était la cause de sa maladie ; comme l’accusée était la voisine la plus proche, elle l’avait soupçonnée. Elle avait aussi raconté qu’Anthoinette, fille de l’accusée (aujourd’hui mariée), lui avait dit 6 ans auparavant que les sorcières attaquaient les bébés dans leurs berceaux quand les mères ne regardaient pas, pour qu’ils meurent, puis déterraient leurs corps pour en faire de la poudre.

Raconta qu’il y a 4 ans, alors qu’elle moissonnait de l’avoine pour l’accusée, elle trouva un "potat" [pot] dans le champ, contenant de l’eau, de petites bougies, "des pampies et du joli bois"*. Quand elle en parla à Mengeotte (Mongeatte), celle-ci lui dit que c’était de l’eau bénite, des bougies de Saint Curien ainsi que d’autres objets, destinés à protéger la récolte contre les vermines. Elle raconta aussi la bouteille d’eau bénite qui avait été brisée cette année-là.

Parla aussi de la bouteille brisée ; dit que Mengeotte s’en était amusée, disant que c’était son mari qui l’y avait placée.

Lorsqu’elle vivait à Saint-Blaise, avait entendu à plusieurs reprises la veuve de Mongeon Bourald dire que l’accusée était la cause de la mort de son mari, affirmant que deux devins l’avaient identifiée.

Il y a 6 ou 7 ans, avait rendu visite à Mongeon Bourald et l’avait exhorté à penser à son âme ; ce dernier lui dit que Mengeotte (Mongeatte) était venue le voir une heure auparavant et lui avait dit de se confesser car il allait mourir. À peine sorti de la maison, il fut rappelé pour être témoin de sa mort – elle était présente, tenant une bougie pour lui. Il la soupçonnait également pour la mort d’un cheval 4 ans plus tôt – elle l’avait croisé alors qu’il revenait de Raon, avait admiré le cheval, l’avait touché au dos, et il était mort le jour même.

Sept ans auparavant, elle s’était trouvée dans la maison de Mongeon Bourald, qui lui avait dit que le devin avait déclaré que sa plus proche voisine était la cause de sa maladie ; il lui avait aussi montré sa fille en disant qu’elle était l’enfant de la personne responsable. Il était tout enflé, mais semblait aller un peu mieux, et se rendit chez l’accusée, pensant ainsi se défendre du mal ; cependant, il se trouva immédiatement plus mal, et quand le devin arriva, il lui dit qu’il n’aurait pas dû s’y rendre. Il mourut peu après. Environ dix-huit mois auparavant, l’accusée lui avait dit que la première fois que les vaches buvaient à l’abreuvoir était le moment où les personnes maléfiques pouvaient leur voler leur lait, et que le vacher devait donc se taire lorsqu’il venait avec ses bêtes.