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1. GASTON LAUNER. La guerre est déclarée - Un enfant battu - L'arrivée des allemands - Qui barbote des oeufs mange beaucoup mieux - Trop de bleus sur le corps.

Pour écouter la conférence donnée par Gaston Launer, veuillez cliquer sur le lien ci-dessous :

 
La seconde guerre mondiale est déclarée. L'enfant battu. L'arrivée des allemands. Qui barbote des oeufs, mange beaucoup mieux.

"" La vallée du Rabodeau s'est appelée LA VALLÉE DES LARMES après la guerre.

Il y a eu 1012 déportés; 668 qui sont morts dans les camps nazis, soit 66% d'entre eux et le nombre de déportés qui sont morts dans les camps nazis représentent un tiers de la population des Vosges.

À LA PETITE-RAON

Mon histoire,excusez-moi, j'suis un peu...

1936. J'ai 6 ans. À la TSF, on entend les menaces de guerre d'Hitler. C'est un sujet de conversation entre mes parents et mes grands-parents maternels qui ont connu la guerre de 14/18 et qui étaient en plein dans les combats.

1937. J'ai 7 ans. Ma maman va mourir suite à une intervention chirurgicale.

Gaston Launer vers 1936, ses parents et Roland, son petit frère.

1938. J'ai 8 ans. Mon petit frère et moi nous allons, pendant les vacances scolaires, à la crèche - on l'appelait comme ça à l'époque. Et un jour que nous nous trouvons sur la route qui mène au cimetière, le tocsin se met à sonner à l'église.

Les Soeurs nous disent "mes pauvres enfants, la guerre est déclarée !" "Les enfants, nous allons nous mettre à genoux au milieu de la route pour prier", prier la Vierge, imposante, qui est près de la salle paroissiale.

Et tout de suite après, je prends mon petit frère par la main et je cours chez moi. Mon papa est encore là et je pleure en larmes dans ses bras parce que je croyais que lui aussi allait disparaître.


 

À MOUSSEY

1939. La guerre éclate pour de bon. En juin, mon père est mobilisé. Je me trouve chez une tante, à Moussey - une femme très autoritaire, très méchante, avec mon petit frère. Je lui dirai "t'as rien à nous commander ! T'es pas notre mère !".

Ces paroles sont de trop parce que je vais devenir un enfant battu. J'irai coucher au grenier, sur le foin, parce que (incompréhensible/4'14'') mes nuits infectes.

Je coucherai même dans la cave, dans le noir.

Je recevrai des coups de martinet.

 

J'ai vu la débâcle de l'armée française, tous ces militaires qui fuyaient l'ennemi.

 

Et puis l'arrivée des allemands. Ils seront trois, les premiers que j'ai vus, armés jusqu'aux dents devant la porte de ma tante.

Cette tante, sa fille, mon petit frère et moi, nous nous cachons dans un coin. Les allemands nous voient. Je suis obligé d'aller ouvrir la porte. Ils entreront pour vérifier qu'y a pas de militaire caché dans la maison. Puis ils mangeront, ils se mettront à table pour manger. Nous avions faim aussi mais nous avions plutôt peur.

Et puis, c'est le rationnement. On a droit à 100 grammes de pain par jour.

À l'époque, on ne trouvait pas de pain (incompréhensible/5'35'') dans les poubelles comme aujourd'hui. L'assistanat n'existait pas; les allocations familiales non plus.

La terre n'était pas trop basse parce que tout le monde, sans distinction, cultivait le moindre centimètre carré de terrain. Pas comme aujourd'hui ! Quand on voit tous ces jardins à l'abandon ! Et puis, on avait faim...

Stèle du souvenir de la Vallée des Larmes au col du Hantz

Ma tante élevait des poules. J'ai appris que les allemands sont gourmands des oeufs. Alors, je vais aller en chiper deux que je mets dans mes poches. Je vais me rendre à la cantine des allemands au sous-sol de la crèche.

Je demande "Nix Brot ?"*

Les allemands me montrent la sortie du local.

Mais moi, je sors les deux oeufs de mes poches et je leur montre.

Les allemands me disent "Komm ! Komm !"**. Ils me donnent en échange une miche de pain noir.

Si je suis surpris, si ma tante me dit "où vas-tu avec le pain-là ?", je lui dirais que je l'ai chipé aux allemands.

Et puis, un jour, ma tante me surprend dans le poulailler. Alors, les coups pleuvent à nouveau et, comme je disais, je vais coucher à la cave dans le noir.

Mais je suis intrépide. Je continue à aller à la chasse aux oeufs mais je prends mon petit frère par la main et, en échange des oeufs, on a le droit à manger à la popote des allemands.

 

Le temps s'écoule.

Ma tante me frappera à nouveau. Un jour que j'en ai marre, je vais scier, avec une scie à métaux, une partie du manche du martinet. Le manche lui restera dans les mains. Ce n'est plus avec le martinet qu'elle me frappera, c'est avec un bâton en bois.

 

À LA PETITE-RAON

1942. J'ai 12 ans. Mon père est malade dans les stalags allemands. Il est relâché par les autorités allemandes parce qu'il ne peut plus travailler.

Mon petit frère et moi, quand nous le voyons arriver, lui sautons au cou en pleurant, en le suppliant de revenir tout de suite dans notre maison.

Il aura une conversation avec sa soeur.

Et puis, quelques jours après que nous sommes rentrés chez nous - à l'époque, les sanitaires n'existaient pas - je prends mon bain dans une bassine en fer que j'ai placée au milieu de la cuisine. Et alors que je prends mon bain, mon père me dit "qu'est-ce que c'est tous les bleus que t'as sur le corps ?".

Je finirai par lui dire; il n'adressera plus jamais la parole à sa soeur.""

 

*"Pas de pain ?"

** "Viens ! Viens !"

 









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